Manifeste fondateur de Bubble : un récit personnel sur la création d'une plateforme d'investissement basée sur la transparence, l'IA et des tarifs équitables. Explore les défis de construire une entreprise décente dans la finance traditionnelle.
La ville s’éveillait à peine, la lumière du soleil se reflétant sur les tours de verre tandis que je buvais mon café dans un coin de café bondé. Mon cofondateur et moi étions penchés sur un ordinateur cabossé, l’arôme de l’espresso se mêlant à l’énergie nerveuse des possibles. Je me souviens avoir fixé l’écran, le curseur clignotant sur un document vierge intitulé « Bubble Invest – Manifeste ». « On va vraiment faire ça ? » a demandé mon cofondateur, la voix basse mais pressante, scrutant la salle comme s’il s’attendait à voir surgir un chœur de sceptiques à la table d’à côté. J’ai ri, mais l’estomac noué. « Je ne sais pas s’il est possible de bâtir une entreprise décente dans la finance. Mais je sais que je ne supporte plus de faire partie du problème. Essayons au moins. »
Nous construisons le produit que nous voulions désespérément utiliser
La vérité, c’est que Bubble Invest est né d’un problème égoïste. Après six ans dans la finance traditionnelle, nous nous sommes retrouvés face à une absurdité : nous savions exactement à quoi ressemble un bon investissement — portefeuilles d’ETF diversifiés, faibles coûts, stratégies quantitatives — mais aucun produit ne le proposait sans le folklore habituel du secteur. Nous restions là, avec notre propre argent, frustrés. Payer 2 % par an à un gérant qui sous‑performe un simple indice ? Utiliser un robo‑advisor aux frais raisonnables mais sans aucune personnalisation ? Monter nos tableurs et rééquilibrer à la main chaque mois ? « Il doit y avoir mieux », ai‑je dit à mon cofondateur lors d’une énième discussion sur nos investissements personnels. « Un agent d’IA qui comprend vraiment la théorie moderne du portefeuille, parle clairement, et coûte le prix d’un logiciel — pas celui d’un conseiller humain. » Nous avons cherché partout. Le produit que nous voulions n’existait tout simplement pas. Alors nous avons décidé de le construire. Pour nous, d’abord. Un outil auquel nous aurions vraiment envie de nous abonner, aligné avec nos valeurs et celles de nos ami·e·s, tout aussi frustré·e·s par la finance traditionnelle. Nous l’utilisons au quotidien pour nos propres investissements, et honnêtement ? On pense qu’il y a d’autres personnes qui veulent la même chose. Ce n’est ni une étude de marché ni un ciblage démographique. C’est gratter notre propre démangeaison et espérer que nous ne sommes pas les seul·e·s à l’avoir.
La vision Bubble Invest : la décence comme principe de design
Notre réponse n’est pas une promesse grandiloquente de tout révolutionner du jour au lendemain. C’est un engagement de transparence — sur nos choix, nos erreurs et les tentations auxquelles nous ferons face. Nous voulons construire en public, documenter le chemin pour montrer non seulement les victoires, mais aussi les doutes et les échecs. Notre premier test est d’une simplicité trompeuse : créer un produit réellement utile, pensé pour 2025, pas 2005. En finance, beaucoup d’« innovations » se résument à coller une belle interface sur les mêmes produits coûteux et complexes. Nous voulons faire mieux.
Le produit : dopé à l’IA, personnalisé et radicalement simple
Imaginez ouvrir votre téléphone et voir un agent d’IA qui agit comme un gérant de hedge fund dans votre poche — sauf qu’il parle clairement, sans jargon, et vous aide à construire un portefeuille d’ETF personnalisé en combinant plusieurs stratégies. Pas de frais cachés, pas de complexité gratuite. Juste des conseils clairs et actionnables. Et le prix ? Forfaitaire. 10–20 € par mois, point. Pas de 1–2 % qui gonflent avec votre patrimoine. Pas de petits surcoûts cachés. Un prix honnête et prévisible. « Vous ne gagnerez jamais d’argent comme ça », nous a glissé un conseiller bien intentionné. « Avec des frais aussi bas, les clients ne vous prendront pas au sérieux. » Peut‑être. Ou peut‑être que traiter les gens équitablement peut devenir un avantage concurrentiel.
La médiocrité est‑elle un choix ou une fatalité ?
Six ans dans la finance traditionnelle m’ont montré que des gens brillants et bien intentionnés deviennent peu à peu des rouages d’une machine qui récompense le pire : la complexité, l’opacité et l’extraction de valeur. Ce ne sont pas de « mauvaises personnes ». Comme l’écrivait Frederick Brooks dans The Mythical Man‑Month, « Un mauvais système battra toujours une bonne personne ».
Mais et si ça n’était pas inévitable ? Être une « mauvaise » entreprise — qui extrait plus de valeur qu’elle n’en crée — est‑ce un choix, ou une conséquence inscrite dans la réalité des marchés et de la concurrence ?
- Les signaux sont mitigés :
- Incitations structurelles : en finance, le système récompense la complexité et la marge. Remonter le courant paraît impossible.
- Contre‑exemples : Patagonia ou Vanguard prouvent qu’une approche guidée par les valeurs peut fonctionner, mais elle exige une vigilance constante.
- Design du système : beaucoup d’échecs sont systémiques, pas personnels. Sans des incitations bien pensées, même des personnes intègres finissent par transiger.
Notre « ligne rouge » est simple : le jour où l’on optimise nos profits au détriment des résultats clients, on a échoué.
Ancrer la transparence dans l’ADN
- La transparence n’est pas un slogan, c’est notre rempart. Concrètement :
- Pistes d’audit pour chaque décision : chaque choix algorithmique est accompagné d’une explication claire et vérifiable. Pas de boîtes noires.
- Journal des tentations : des rapports mensuels « Tentations refusées » listant les compromis que nous avons refusé de faire.
- IA explicable : les utilisateur·rice·s peuvent voir, questionner et même ajuster nos recommandations en temps réel.
Le paradoxe du prix : la simplicité est‑elle un handicap ?
On nous répète que 10 €/mois, « c’est trop peu », et que les gens « attendent » de la complexité. La recherche en économie comportementale rappelle qu’on confond souvent prix et valeur. Nous pensons au contraire que la simplicité est un insigne d’honneur. Notre mantra : On fait les calculs difficiles pour vous. Stripe a gagné le cœur des développeurs en rendant le paiement moins configurable et davantage « ça marche tout seul ». Nous voulons la même chose pour l’investissement.
Agents d’IA et MCP : utile ou intrusif ?
L’une de nos idées les plus ambitieuses s’appuie sur le Model Context Protocol (MCP), pour permettre à notre agent d’IA de s’intégrer à la vie numérique des utilisateur·rice·s. Des conseils d’investissement qui tiennent compte de vos dépenses réelles, de votre trajectoire professionnelle et de vos objectifs de vie — pas d’un simple questionnaire statique sur le risque. Mais où placer la ligne entre « utile » et « intrusif » ? Nous concevons un consentement progressif — permissions granulaires, boutons visibles, explications claires des bénéfices. Vous contrôlez ce que vous partagez, avec un opt‑out explicite à tout moment.
S’inspirer du plan d’Internet
La finance semble coincée à l’ère pré‑internet — lente, chère, truffée d’intermédiaires. Notre vision : faire pour l’investissement ce que l’internet a fait pour la communication — aplatir les hiérarchies, réduire les coûts, démocratiser l’accès. Mais attention : l’internet a aussi créé de nouvelles concentrations de pouvoir et de nouveaux risques. À mesure qu’on enlève des intermédiaires, qui comble le vide de confiance ? Nous parions sur une transparence radicale, une IA explicable et le pouvoir donné aux utilisateur·rice·s. Mais nous apprenons en avançant.
Qu’est‑ce qui nous échappe ?
- On sait qu’on n’a pas toutes les réponses. Nous surveillons de près :
- Risque réglementaire : dialogue proactif avec les régulateurs, en espérant que la transparence fasse la différence.
- Confiance utilisateur : des systèmes simples ont besoin de filets de sécurité robustes quand ça déraille.
- Communauté : bâtir une communauté qui renforce notre mission et nous tient responsables.
L’invitation : rejoignez l’expérience
Nous ne prétendons pas avoir « résolu » la finance. Nous ne sommes même pas certains que notre expérience réussira. Mais nous nous engageons à apprendre en public et à vous inviter — utilisateur·rice·s, critiques, bâtisseur·se·s — à nous rejoindre. J’entends encore la voix de mon cofondateur, ce premier matin au café : « Tu veux suivre l’aventure pendant qu’on la découvre ensemble ? » Sceptique, allié·e, curieux·se : on veut vos retours. Parce qu’honnêtement ? On ne sait pas s’il est possible de bâtir une entreprise décente dans la finance. Mais on est assez curieux pour essayer — et assez audacieux pour tenter. Suivez notre aventure. Challengez‑nous. Tenez‑nous responsables. Voyons si décence, transparence et technologie peuvent enfin faire pencher la balance en faveur des personnes que la finance est censée servir.